Résumé 53


Anémie et cancer : évaluation des pratiques de prescription de fer injectable, dans un centre de lutte contre le cancer, et mise en place d'un logigramme décisionnel de prise en charge des anémies par carence martiale

Thématique : Pharmacie clinique

Auteur(s) :
Piton Marie (Centre Oscar Lambret Service Pharmacie 3 Rue Frédéric Combemale 59000 Lille) | Marliot Guillaume (Centre Oscar Lambret Service Pharmacie 3 Rue Frédéric Combemale 59000 Lille) | Strobbe Geoffrey (Centre Oscar Lambret Service Pharmacie 3 Rue Frédéric Combemale 59000 Lille) | Delbey Stéphanie (Centre Oscar Lambret Service Pharmacie 3 Rue Frédéric Combemale 59000 Lille) |

  • Introduction

Jusqu'à 75% des patients atteints de cancer peuvent présenter des anémies multifactorielles. Leur traitement est essentiel afin d'améliorer le quotidien de ces patients et ne pas retarder leur prise en charge anticancéreuse. Le fer injectable est un pilier de cette prise en charge. A cet égard, nous avons souhaité évaluer les pratiques de prescription de Carboxymaltose ferrique au sein de notre établissement.

  • Matériels et méthodes

Les objectifs de notre étude étaient d'évaluer la conformité des prescriptions de fer injectable au regard des recommandations actuelles, en termes d'indication du Carboxymaltose ferrique et de déroulement de la cure, et d'évaluer l'impact de protocoles informatisés. C'est une étude observationnelle, monocentrique et rétrospective sur 20 mois. La population de l'étude est constituée de tous les patients ayant reçu au moins une injection de Carboxymaltose ferrique au sein des hôpitaux de jour adultes et des services d'hospitalisation médicale conventionnelle.

  • Résultats

112 patients d'âge médian 62 ans, avec des tumeurs principalement uro-digestives et gynécologiques et présentant un stade métastatique. 98% des patients avaient une hémoglobinémie abaissée. 81% avaient une ferritinémie inférieure à 800 ng/mL et 87% un CST < 20%. Selon les recommandations AFSOS, 61% des patients étaient en carence martiale fonctionnelle, 18% en carence martiale absolue, 11% sans carence martiale et les données étaient inexploitables pour 10% des patients. La prescription d'ASE et de transfusions a concerné respectivement 16% et 28% des patients.

  • Discussion

Pour 19 patients anémiés dont la ferritinémie est augmentée et le CST abaissé, la prise en charge n'était pas homogène selon les recommandations suivies. La dose totale reçue est principalement insuffisante (62%). Nous avons pu observer la méconnaissance du schéma protocolaire du médicament mais aussi la difficulté de concilier ce schéma et le circuit hospitalier. Au final, on relève 17% de conformité des prescriptions avec un bon suivi des recommandations AFSOS (76%) et NCCN (78%) mais un bon usage du médicament non suivi (21%). L'impact des protocoles informatisés n'a pas été concluant. La prescription de fer injectable nécessite encore d'être optimisée en améliorant le diagnostic de l'anémie ferriprive avant toute prescription, en respectant les bonnes pratiques de prescription et en assurant un suivi biologique régulier. Le faible taux de carence martiale absolue entraîne un questionnement sur le référencement du fer oral, en oncologie. L'accompagnement et la formation des prescripteurs semblent nécessaires. Un disque d'aide à la prescription fourni par Vifor Pharma a été distribué et un logigramme clair de prise en charge a été élaboré avec un groupe de travail pluridisciplinaire. Un nouveau dosage, le rapport RsTf / log ferritine sera proposé lorsque la ferritinémie est très augmentée et le CST abaissé, afin de vérifier la justification du fer injectable.